dimanche 27 octobre 2013

Le pharisien et le publicain

Le pharisien et le publicain

" Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être des justes et qui méprisaient tous les autres : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier; l'un était pharisien, l'autre publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : « Je te remercie, mon Dieu, de ne pas être comme les autres hommes, voleurs, malhonnêtes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne ». Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel; mais il se frappait la poitrine en disant : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! » « Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Quiconque en effet s'élève, sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé. » " (Lc 18, 9-14)

Décidemment, nous sommes gâtés par les temps qui courent. Nous entendons aujourd’hui en Église, en ce trentième dimanche du temps ordinaire, une des plus belles pages des évangiles : la parabole du pharisien et du publicain. En ce temps-ci de l’année, nous lisons l’évangile de saint Luc, lors des célébrations dominicales. Saint Luc a cette particularité intéressante : lorsqu’il nous rapporte une parabole de Jésus, il nous donne souvent la raison pour laquelle Jésus a inventé cette parabole. Dimanche dernier, dès le début de l’évangile, saint Luc nous disait que Jésus a inventé une parabole pour nous montrer qu’il faut toujours prier, sans nous décourager. Et nous avons eu droit à la parabole du juge inique et de la veuve. Aujourd’hui, l’évangile commence ainsi : « Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres ». Lorsque, au début du chapitre 15 de son évangile, saint Luc nous rapporte les trois merveilleuses paraboles de la miséricorde, il nous dit : « Tous les publicains et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Et les Pharisiens et les scribes de murmurer : « Cet homme, disaient-ils, fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux. » Il leur dit alors cette parabole. » (Lc 15, 1-3). Et Luc poursuit non seulement avec la parabole de la brebis perdue, mais aussi avec la parabole de la femme qui perd une pièce de monnaie et finalement, avec la parabole la plus belle de toutes : la parabole du Père miséricordieux, communément appelée la parabole de l’enfant prodigue, qui commence ainsi : « Un homme avait deux fils », dont l’un était manifestement pécheur, et l’autre, manifestement pharisien. Ces trois paraboles, Jésus nous les donne en rafale. C’est un peu comme si, lorsqu’Il se met à parler du plus beau des attributs divins, c’est-à-dire la Miséricorde, Jésus est incapable de s’arrêter. Il nous donne, non pas une seule parabole, mais bien trois. Saint Luc aurait mieux fait de nous dire, au verset trois du chapitre quinze de son évangile : « Il leur dit alors ces paraboles ».

Aujourd’hui, nous voyons une fois de plus que le thème du pécheur et du pharisien est très cher à Jésus. Nous sommes au chapitre 18 de l’évangile, et Jésus reprend le thème qu’il avait abondamment développé au chapitre 15. La parabole d’aujourd’hui nous présente deux hommes qui montent au Temple pour prier : l’un est si sûr de lui et si convaincu de sa justice; l’autre, est si peu sûr de lui, si peu fier de lui-même, mais confiant en la Miséricorde divine. L’évangile affirme que lorsque ces deux hommes retournèrent chez eux, c’est le pécheur qui était « justifié », qui était devenu juste.

Lorsque j’étais à Rome, au moment de faire mes études en théologie pour devenir prêtre, notre professeur de morale nous a dit un jour : « Voulez-vous savoir à quel point vous êtes saints? Demandez-vous à quel point vous vous reconnaissez pécheurs. Plus vous vous reconnaîtrez pécheurs, plus vous serez saints ! » Il y a beaucoup de vrai dans ces phrases. Je suis convaincu que tous les saints étaient très nettement et profondément conscients d’être des pécheurs, de pauvres pécheurs. On nous dit que certains « se confessaient » (allaient au sacrement de la réconciliation) à chaque jour. La première fois que j’ai entendu cela, je me suis dit en moi-même (comme le pharisien de la parabole) : « Ces gens étaient de purs scrupuleux ». Mais j’ai changé d’opinion. Plus une personne se rapproche de la sainteté, plus elle se reconnaît pécheresse. Les saints voyaient immédiatement leurs fautes, à peine commises, peu importe leur degré de gravité. La comparaison suivante peut être utile pour comprendre cela : gardez les rideaux fermés chez vous, durant deux à trois semaines, et vous risquerez de ne pas voir la poussière qui s’accumule. Mais dès que vous ouvrirez les rideaux, et que vous laisserez entrer le soleil, la poussière vous sera manifeste. De même en est-il pour nos âmes. Gardez votre âme dans les ténèbres et vous ne verrez peut-être pas que vous êtes dans le péché. Mais laissez entrer la lumière de la Parole de Dieu dans votre vie, et vous vous reconnaîtrez pécheurs, et idéalement, grands pécheurs. J’aime beaucoup la phrase suivante : « Petit pécheur, petit Sauveur; grand pécheur, grand Sauveur ! ». De qui avez-vous besoin, chers amis ? D’un petit Sauveur, ou d’un grand Sauveur?

Notre cher pape François est un exemple en ce sens. Comme vous, j’imagine, j’aime beaucoup notre nouveau pape. De tout ce que j’ai lu et entendu de notre pape François, voici les phrases qui m’ont, à date, le plus impressionné : en août dernier, un des confrères Jésuites du pape l’a interviewé et lui a demandé de se définir comme personne. Le Père Antonio Spadaro, sj, lui demanda : « Qui est Jorge Mario Bergoglio? Le pape François a répondu : « Je ne sais pas quelle est la définition la plus juste … Je suis un pécheur. C’est la définition la plus juste … Ce n’est pas une manière de parler, un genre littéraire. Je suis un pécheur.  …  Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard ». Je sais que j’ai déjà cité ces paroles du pape, sur mon blogue, en date du 21 septembre dernier, mais jamais je ne me lasserai de lire ces mots et de les mettre sous vos yeux. Ces paroles du pape, comme il le dit lui-même, ne sont pas une figure de style, une façon de bien parler et surtout de bien paraître; ce sont les mots qui, aux dires du pape, le définissent le mieux, le décrivent le mieux. Quelle grâce d’avoir un pape qui se reconnaît si aisément pécheur !!!  Mais pécheur aimé de Dieu, infiniment aimé de Jésus. Le pape aime se laisser regarder par Jésus, dans sa pauvreté. Comme Marie de Nazareth d’ailleurs, qui dit, au début de son Magnificat : « Il a jeté les yeux sur la petitesse de sa servante, désormais tous les âges me proclameront bienheureuse » (Lc  1, 48)  Oui, comme le dit Jésus à la fin de l’évangile d’aujourd’hui : « Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse, sera élevé ».

Le pape Jean-Paul II a dit un jour : « Le sens du péché se perd, parce que le sens de Dieu se perd ». Ce cher pape a tout à fait raison. Enlevons Dieu et il n’y a plus de péché. Car le péché est essentiellement une offense faite à Dieu. Voilà peut-être la raison principale pour laquelle tant de personnes aujourd’hui semblent si fières d’être athées. Alors que le pharisien de la Bible, est un croyant, le pharisien des temps modernes est souvent athée. L’athée peut être pharisien s’il considère qu’il ne fait rien de mal dans sa vie. Un derniers mot sur le pharisaïsme : le pharisien a la fâcheuse habitude de regarder les autres et d’aimer à se comparer aux autres. C’est un des traits du pharisaïsme qui est mis en évidence dans l’évangile d’aujourd’hui. Alors que le publicain a les yeux sur lui-même et ne se laisse pas distraire par des comparaisons futiles avec son prochain, le pharisien se plaît à regarder les autres de haut, et à les juger. Méfions-nous des personnes qui ne cessent de penser et de dire du mal des autres. Jésus n’a-t-il pas dit : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! » (Mt 7, 3)


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