mardi 18 décembre 2012

Deux amours ont bâti deux cités

Deux amours ont bâti deux cités

Saint Augustin a dit un jour : « Deux amours ont bâti deux cités : l’amour de soi, jusqu’au mépris de Dieu et l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi ». Un peu dans la même ligne, le début du psaume 127 (ou 126) dans la Bible dit ceci : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain; si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que veillent les gardes. Dieu comble son bien-aimé quand il dort » (Ps 127, 1)

Chers amis, c’est de cela qu’il est question tous les jours dans nos vies : quelle sorte de cité, quelle sorte de ville nous voulons nous donner? Quels sont les gens qui essaient de nous influencer en ce sens ? Quels sont les gens les plus compétents pour le faire?  Nous voyons bien ces jours-ci que ceux qui dirigent nos cités ne sont pas toujours aptes à le faire. Et ceux qui dans nos villes actuellement, ont la capacité d’influencer le plus les gens, ne sont pas toujours les plus compétents en la matière. La société civile, ici à Montréal, mais aussi à Québec et ailleurs, essaie de plus en plus de s’édifier sans Dieu, sans le recours à Dieu. Je suis personnellement pour la séparation entre l’Église et l’État. Le concile Vatican II a écrit des choses merveilleuses à cet égard. Je mettrai très bientôt un texte sur mon blogue sur ce sujet. Mais encore faut-il bien comprendre ce que signifie cette séparation entre l’Église et l’État. Le chrétien, où qu’il soit et quoi qu’il fasse, doit toujours diriger sa vie et la vie des autres selon sa conscience de chrétien. Il ne peut jamais faire fi du fait qu’il appartient à Dieu.

Je vous ai parlé sur mon blogue dernièrement de mes meilleurs amis, dans le texte intitulé : Les Fraternités Béthanie. C’est une joie pour moi de parler d’eux à nouveau aujourd’hui. Je suis tellement heureux d’avoir Michel Fauteux, Michel Fontaine et Jean Lortie comme amis. Ces amis sont de vrais amis, qui ne se gênent pas pour dire ce qu’ils pensent. Eux et moi, avons à cœur de défendre les intérêts de Dieu, de l’Église et de notre monde. À cette fin, lorsque nous lisons des choses assez abominables dans les journaux, spécialement dans nos grands quotidiens, nous ne nous gênons pas pour réagir. Et c’est très bien ainsi. Nous ne sommes pas assez conscients du pouvoir que nous avons sur les choses, nous, les simples citoyens. J’ai eu il y a deux ans une preuve assez forte de l’influence que nous pouvons avoir. Dans un des plus grands journaux quotidiens de Montréal, un article très insultant envers la religion catholique a été écrit. J’ai immédiatement réagi pour manifester mon mécontentement en écrivant à l’auteur de l’article et à la direction du journal. Et je ne me suis pas limité à cela. En pleine église, durant une célébration dominicale, j’ai exprimé mon dégoût face à un tel article. J’ai dit aux gens que je venais d’annuler mon abonnement à ce « quotidien » (j’étais abonné depuis de nombreuses années à ce journal) et j’ai même encouragé mes paroissiens à faire de même : à écrire aux autorités de ce journal pour leur faire savoir leur mécontentement face à l’article en question et leur décision d’annuler leur abonnement. Or, toutes ces démarches ont porté de beaux et bons fruits. Ne négligeons pas ce genre d’intervention.
 

Je ne dis pas que tout le monde devrait annuler son abonnement à un journal à cause de  la parution d’un seul article, car comment réagir à certains écrits, si nous ne les avons pas lus? Mais une chose est certaine, nous devons réagir en quelque manière lorsque les choses vont trop mal. Mes trois amis vivent dans la région de Québec. Ces jours-ci, un article de Jean-Simon Gagné dans le journal Le Soleil, a fait réagir mes amis. L’article en question avait pour titre : « Si Dieu existe ». Il y était question de la terrible fusillade de ces jours-ci au Connecticut. Je vais citer certains passages de cet article. Non par complaisance, bien sûr, mais pour montrer où conduit la logique de ceux qui nient Dieu ou qui veulent à tout le moins ébranler la croyance en un Dieu bon. Le premier de mes amis à avoir réagi à l’article en envoyant un message au journal Le Soleil, fut Jean Lortie. C’est donc grâce à Jean que j’en suis venu à prendre connaissance de cet article. J’ai alors découvert que le journaliste en question ne se gênait pas pour utiliser le journal qui l’embauche pour dénigrer la religion; il a agi ainsi à quelques reprises. L’article reproduit aujourd’hui ci-dessous est donc en quelque sorte la goutte qui a fait déborder le vase (entendre : le cœur) de Jean Lortie. J’ai reçu hier le message que Michel Fontaine a envoyé au journal Le Soleil à ce sujet. Je vais reproduire en son entier ce message car il est tellement éclairant. Michel a été professeur de philosophie au CEGEP de Sainte-Foy durant trente années environ. En lisant son texte, vous verrez à quel point une bonne formation en philosophie peut être précieuse pour décortiquer les propos de quelqu’un et mettre en lumière les embûches que peuvent cacher de tels propos. C’est en lisant un texte comme celui de Michel, que monte en moi une immense gratitude envers Dieu d’avoir mis sur ma route mes grands amis de la région de Québec.

Si Dieu existe
par Jean-Simon Gagné, samedi le 15 décembre 2012
« Ça y est. C'est reparti
 À chaque fusillade, on répète qu'il s'agit d'un acte «insensé», «inexplicable». Sans jamais pouvoir s'empêcher de suggérer une explication.
Quand il s'agit des États-Unis, on pointe l'abondance des armes à feu. Après tout, 80 % des assassinats par balle dans les 23 pays les plus riches du monde seraient commis aux États-Unis.
Mais les armes à feu n'expliquent pas tout. Pas plus tard que vendredi, un homme a poignardé 22 enfants dans une école en... Chine.
Pas grave. Très vite, on cherche ailleurs. Au fil des ans, on a accusé les jeux vidéo.
La solitude de la société moderne. La dislocation des familles. La culture gothique. L'animal qui sommeille en nous. Et bla-bla-bla.
On jurerait que chacun voit d'abord dans la tragédie la confirmation de ses préjugés. 
En général, le malheur des autres est vite oublié. Cela relève presque de l'hygiène mentale. Impossible de vivre en pensant continuellement à l'horreur et au danger.
«Il y a 4700 astéroïdes qui se dirigent vers la Terre, est-ce que vous passez votre temps à penser à une collision?» ont résumé des astronomes de la NASA.    
On souhaite seulement qu'ils s'en tirent mieux que ceux de la petite ville de Beslan, dans le sud de la Russie. En septembre 2004, un commando tchétchène y avait pris 1100 personnes en otages, dans une école. Au bout de trois jours, les forces russes avaient donné l'assaut dans des circonstances nébuleuses. Trois cent trente et un morts, dont 186 enfants.  

Que voulez-vous ajouter? Le plus inexplicable, si Dieu existe, c'est que personne ne l'ait accusé de «non-assistance à personne en danger». Ou mieux, de crime contre l'humanité. »

Voilà la conclusion à laquelle arrive ce journaliste : si Dieu existe, comment se fait-il qu’on ne l’ait jamais traduit en justice pour crimes contre l’humanité? Édifiant, n'est-ce pas? Et voici la réponse de mon ami Michel Fontaine à cet article :    
Réponse de Michel Fontaine à Jean-Simon Gagné

"Que veut dire Jean-Simon Gagné dans cette chronique intitulée Si Dieu existe… ? Voici ce que j’ai compris de ce qu’il dit et ce que j’en pense.

Tout le monde cherche des explications mais il n’y a pas vraiment d’explication satisfaisante. “Shit happens”. La nature est comme ça. On n’y peut pas grand chose. Que voulez-vous que l’on attende d’un monde mal fichu qui n’a pas Dieu pour auteur ? “Il y a 4700 astéroïdes qui se dirigent vers la Terre…” On ne peut vaincre le mal parce qu’on ne peut créer un monde meilleur. Si Dieu existait, on pourrait au moins le rendre responsable, lui montrer le poing, l’accuser de crime contre l’humanité. “Chacun voit d’abord dans la tragédie la confirmation de ses préjugés”, nous dit Jean-Simon Gagné. On devine son préjugé. “Notre situation est désespérée, Dieu n’existe pas; et s’il existe c’est un méchant malade. Dans les deux cas, on n’y peut pas grand chose. Et le blabla ne résout rien. Donc, “On ferme sa yeule, on serre les dents, pis on passe à autre chose.” Très profond. Très utile.

Mais il n’y a pas que du mal dans le monde. Il y a du bien. Bien plus, s’il y a du mal c’est parce qu’il y a du bien. La cécité suppose la vue comme la maladie la santé. S’il n’y avait pas de vue, il n’y aurait pas de cécité. S’il n’y avait pas de santé, il n’y aurait pas non plus de maladie. Simone Weil disait : Si le monde était tout à fait mauvais de quel bien serait-il la privation ? Le bien demande une explication. Le bien est difficile et le mal facile, disait Aristote. Tout le monde conviendra qu’il est plus facile d’écraser un œil que d’en construire un. C’est pourquoi S. Thomas d’Aquin disait que le mal ne prouve pas du tout que Dieu n’existe pas, ni qu’il est un méchant malade. Le mal prouve le bien et le bien prouve Dieu.

Cela dit, il est vrai que notre monde déchu n’est pas absolument bon. Il est vrai aussi qu’on ne peut le guérir. S’il était si bon, il n’aurait pas besoin d’être sauvé. Si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes nous n’aurions pas besoin d’un Rédempteur.

Ça tombe bien, il y en a un et on le fêtera bientôt."

Michel Fontaine

 

 

 

3 commentaires:

  1. La présence d'un journal vraiment catholique serait une bénédiction.

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  2. Tout à fait d'actualité! et tellement à propos. Je partage. Merci.

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