mercredi 24 octobre 2012

La peur de la vérité

La peur de la vérité 
L’être humain est assailli de son vivant par plusieurs peurs : la peur de l’inconnu, la peur de souffrir, la peur de vieillir, la peur de mourir, la peur de l’autre, la peur de la différence, la peur de se tromper, etc. etc. Il y a une peur qui me saute aux yeux ces derniers temps; c’est la peur de la vérité. Oh, comme l’être humain a peur de la vérité! Cette peur de la vérité le pousse même parfois, consciemment ou non, à nier la vérité; ou pire encore : à nier qu’il puisse exister une vérité. C’est ce qu’on appelle le relativisme : tout est relatif. Tu crois ceci, je crois cela; tel peuple croit ceci, tel autre cela. À chacun sa vérité. Une telle expression, toutefois est fausse; si la vérité n’existe pas, on ne peut pas dire : « à chacun sa vérité ». Nous devrions dire : à chacun son opinion.
La vérité singulière, particulière, est parfois plus facile à admettre. Il existe des vérités historiques que l’on ne peut pas nier. Mais la vérité universelle, vraie et bonne pour tous, voilà la vérité que plusieurs ont de la difficulté à admettre qu’elle puisse exister. Souvent, les gens en viennent à nier l’existence de la vérité en raison de d’autres peurs en eux. Pensons à ce pauvre Ponce Pilate qui est en grande partie responsable de la mort de Jésus. Quand il a senti la soupe chaude, il a répondu à la Vérité en Personne : « Qu’est-ce que la vérité? » (Jn 18,38), voulant insinuer par là que la vérité universelle n’existe pas. Et pourtant, il venait tout juste d’entendre la Vérité en Personne lui dire : « Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. »
Ces derniers temps, nous avons vécu un événement douloureux ici au Canada. Le Canada, parmi les pays du monde entier, est un des pays qui ont les lois les plus permissives en matière d’avortement. Or dernièrement, la ministre de la condition féminine au parlement canadien, madame Rona Ambrose, a appuyé une motion mise de l’avant par le député Woodworth en vue de rouvrir le débat sur le statut du fœtus. Cela provoqua un tollé de protestations au sein de la classe politique, du monde journalistique et de la population en général. Quelle réaction étrange! S’il y a un sujet important dont on doit débattre en ce moment, c’est bien celui de se demander quand l’embryon devient humain. On doit en débattre aujourd’hui parce que l’évidence ne saute plus aux yeux. Je ne suis ni anthropologue, ni sociologue, mais il me semble qu’on peut affirmer avec certitude que dans un passé assez récent, au Québec, il y avait un certain consensus pour admettre que l’embryon conçu par un homme et une femme était « humain dès sa conception ». La chose était évidente, il me semble, pour la majorité des gens. On me répondra que oui, c’est vrai qu’il en était ainsi au Québec. Mais c’était en raison du fait que la société était dominée par le clergé et influencée par le clergé. Maintenant que la société est laïque, les choses ont bien changé. J’admets qu’il y a un peu de vrai dans cela. J’admets que la religion catholique est un moyen « supplémentaire et très efficace » d’être convaincu que l’embryon est un être humain dès sa conception car l’Église a toujours affirmé cette vérité haut et fort. Mais il est tout aussi vrai, selon moi, qu’avec les progrès actuels de la médecine et de la technologie, on peut arriver tout autant à la même certitude.
Je me souviens de la bombe médiatique qu’a causée la « conversion » du docteur Bernard Nathanson aux États-Unis, dans les années 70. Quand je parle de « conversion » dans le cas de ce docteur, je ne parle pas d’abord de conversion morale, mais plutôt de « conversion intellectuelle ». Ce médecin qui possédait une des cliniques d’avortements les plus grandes et la plus fréquentées des États-Unis à l’époque, en voyant la richesse extraordinaire des outils que mettait à sa disposition la technologie de son temps, voulut en avoir le cœur net. Il voulu voir de ses propres yeux ce qui se passait dans la vie du fœtus lors d’un avortement. Et il filma un de ses avortements. Quand il « vit » le résultat; quand il visionna le film, il arrêta immédiatement de faire des avortements, ferma sa clinique et devint un des plus grands défenseurs de la vie humaine en ses débuts. Il donna à son film le titre suivant : « Le cri silencieux ». Quel beau titre! Car dès que l’instrument de mort pénétrait dans l’utérus de sa mère, le fœtus pris de panique, se réfugiait à toute vitesse sur la paroi opposée, pour se protéger et ouvrait la bouche toute grande de peur. Évidemment, de cette bouche grande ouverte, ne pouvait sortir aucun son; d’où le titre merveilleux : « Le cri silencieux ».   
À côté et comme en marge du tollé de protestations qu’a soulevé la prise de position de Mme Ambrose, il y a eu aussi des gens qui ont pris courageusement la défense de la ministre de la condition féminine. Une de ces personnes est madame Solange Viau, la sœur d’une de mes anciennes paroissiennes. Cette chère dame a fait paraître l’article suivant dans un journal local de la ville de Montréal :

Début de la vie humaine: félicitations Madame Ambrose!

Publié le 9 Octobre 2012, dans Le Messager Lasalle (Lachine & Dorval)


Madame Rona Ambrose, ministre fédérale de la Condition féminine, a voté en faveur d’une nouvelle étude sur les débuts de la vie humaine. Une décision intelligente qui tient compte de l’évolution des connaissances scientifiques.  
Au Canada, il y a plus de 100 000 enfants à naître qui disparaissent dans les déchets médicaux chaque année. Non, ces êtres vivants ne sont pas des amas de cellules informes ou des tumeurs sans ramifications nerveuses.
Les découvertes de la médecine moderne (procréation assistée, échographies, soins de néonatalogie) rendent évident le fait que la vie humaine commence dès sa conception. Même pas besoin de tenir une commission parlementaire pour en arriver à cette conclusion. Toutefois, il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Les féministes devraient se remémorer qu’elles ont aussi eu l’âge d’un fœtus. Au début de leurs jeunes vies, au moment où elles nageaient avec vitalité dans le ventre de leurs mamans, si elles avaient eu connaissance que leurs mères avaient rendez-vous chez un avorteur, dans quel camp se seraient-elles alors rangées? Facile de répondre à cette question: tout être vivant ressentant une menace pour sa survie va fuir ou se battre. Elles se seraient battues pour leurs survies.
Toutefois, au contraire des féministes pro-choix qui se font entendre sur toutes les tribunes, les cris des enfants à naître avortés demeurent silencieux. Quand on a reçu le privilège du don de la vie, comment peut-on militer pour que d’autres en soient privés?
La majorité de nos députés ont voté pour que le Canada demeure dans l’obscurantisme. Un des rares pays où l’avortement n’est pas balisé et où il est permis de tuer des enfants juste avant la naissance. Nos députés devraient maintenant s’empresser de voter pour des programmes sociaux encourageant toutes les mères à donner la vie dans la sécurité et la dignité. Voilà les signes d’une société évoluée et aimante de sa progéniture et de leurs mamans.
Solange Viau, enseignante à la maternelle

J’ai envoyé ce texte à de nombreux amis et amies. Une de mes amies m’a répondu qu’elle aussi respectait la vie mais que si jamais elle se faisait violer, elle ne voudrait pas de l’enfant qui serait conçu en elle car, de façon certaine, cet enfant n’aurait pas été conçu par amour. Voici ce que j’ai répondu à cette amie :

Chère  ...
Merci pour ton message qui me fait beaucoup de bien. Je t'admire tu sais. Tu es vraiment une bonne personne ! J'admire ton honnêteté et ta vérité. Tu dis les choses comme tu les penses. Et j'admire ça. J’admire aussi les valeurs qui t’habitent.
Je diffère d'opinion toutefois avec toi à propos de la dernière phrase que tu as écrite: celle à propos du viol. Un jour, peut-être, pourrions-nous parler de cela toi et moi.

Cela m'a fait penser à ce qu'à répondu un jour une dame que j'admire beaucoup, madame Georgette Blaquière. Cette dame donnait un enseignement à des gens quand un jeune homme est venu la trouver après qu'elle eut parlé et lui dit: " Madame, moi, je suis le fruit d'un viol. Vous pensez que Dieu a voulu ça ? "  Et madame Blaquière a répondu à ce jeune homme: " Non, Dieu n'a pas voulu ça; mais Il t'a voulu toi ! "  Comme cette réponse est mystérieuse, extraordinaire et profonde !  Je dis mystérieuse  dans le sens qu'elle va au coeur du mystère de la vie humaine. Nous, croyants, nous pensons que lorsqu'un être humain est conçu, trois personnes normalement interviennent: un homme, une femme et Dieu. Le corps humain à peine conçu est le fruit de l'homme et de la femme; mais l'âme humaine, spirituelle et immortelle, nous croyons qu'elle est le fruit de l'action de Dieu qui seul peut la créer. Madame Blaquière, en disant que Dieu n'a pas voulu le viol, mais qu'Il a voulu le jeune homme, affirme quelque chose de très fort: Dieu a tellement voulu avoir ce jeune homme comme son enfant, qu'il a même permis ce geste infâme qu'est le viol.
Bonne fin de semaine, chère amie,
Guy 

Pour visionner le film " Le cri silencieux ", veuillez cliquer sur le lien suivant:

Le Cri silencieux "The Silent Scream Bernard Nathanson" FR ...











12 oct. 2011 - 28 min - Un film du Dr Nathanson, ancien avorteur. C'est tout simplement l'échographie d'un avortement, d'un bébé ...



5 commentaires:

  1. Je suis sans mots... ou presque!

    Depuis plus d'une semaine que j'ai lu cet article dans mon journal de quartier, (18 octobre 2012 - Le Messager de LaSalle), et que je l'ai sous les yeux tous les jours depuis que vous aviez envoyé un courriel à cet effet à tous-toutes vos ami-e-s et connaissances pouvant être intéressé-e-s par le sujet, je me disais qu'il fallait que je le fasse paraître sur Facebook!

    Ce soir j'entre à la maison! et je me dis, j'en ai marre de FB pour aujourd'hui, je vais aller voir si notre père Guy a un nouvel article sur son blog.

    Et voilà! cela me m'atteint en pleine figure, (comme un bel uppercut reçu par un boxeur) et je me sens honteuse de ne pas avoir encore partagé cette information sur FB!

    Soyez assurés, père Guy, ainsi que tous-toutes les autres membres de ce blog, que je vais le partager pas plus tard que maintenant! et via votre blog! Un copier/coller et le tour est joué!
    Vous voyez combien votre blog est important! père Guy, ne serait-ce que pour nous rappeler que les priorités que l'on se donne on ne doit pas les reporter au lendemain - et faire ce que l'on appelle de la procrastination - pour utiliser ce mot à la mode, actuellement! - quand on peut le faire au moment où on avait décidé de le faire!

    Merci!
    Colette (dite Aurore-Colette - rires)



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    1. Chère Colette,

      Vos interventions me font souvent rire; mais le plus souvent, elles me font réfléchir. Comme vous avez raison!!! Il est important de suivre les inspirations lorsqu'elles passent. Et souvent elles passent vite et très vite. Saint Augustin a dit un jour : "Je crains Dieu qui passe", voulant dire par là qu'il craignait que Dieu passe sans qu'il ne l'ait vu passer. Car Dieu est non seulement Celui qui semble prendre tout son temps; Il est aussi un "petit vite". En preuve: les réponses éblouissantes de Jésus données du tac au tac aux pharisiens qui voulaient le prendre au piège par des questions insidieuses. Mais une fois de plus: "fut pris qui voulait prendre".

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    2. Cela vous fait sourire! et même rire! C'est encourageant pour moi! Merci de me le dire. Vous savez, je l'ai partagé votre texte sur FB! Et il s'en est suivi des réparties assez "musclées" avec une dame qui dit être une féministe pure et dure! de celà je n'en ai aucun doute! Je ne peux malheureusement pas vous reproduire les conversations, trop longues, mais je n'ai pas lâché prise!...

      Colette

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    3. Bonsoir Colette !

      Je crains de m'être mal exprimé ou, du moins, d'avoir été mal compris. Quand je dis que vos envois me font rire, je veux dire que j'apprécie l'humour qui s'en dégage. Et mon idée aurait été mieux exprimée si j'avais dit que vos messages me font rire et réfléchir.

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  2. Bonsoir, père Guy!

    C'est à moi, maintenant, de vous dire que vous me faites rire et cela de bon coeur. Car, soyez rassuré, j'avais bien compris votre commentaire, et ce dans le bon sens. C'est moi qui crains de m'être mal exprimée dans mon 2e commentaire. Croyez-moi, au contraire, j'avais bien saisi, côté humour. Et oui, vous aussi me faites réfléchir. Il arrive parfois que, dans mes écrits - qui sont plutôt prolifiques depuis quelque temps (rires) -, je puisse parfois ne pas être bien comprise.

    Car ne dit-on pas que "Les paroles s'envolent, et que les écrits restent"! C'est pour cela que l'on se doit de toujours porter une attention particulière quand on commente.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Boileau

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