vendredi 20 avril 2012

Le rite de passage chez les indiens Cherokee

LE RITE DE PASSAGE CHEZ LES INDIENS CHEROKEE

Le père emmène son fils dans la forêt
lui place un bandeau sur les yeux
le fait asseoir sur un tronc d'arbre
puis s'en va, le laissant seul.

L'enfant a l'obligation
de rester assis sur le tronc d'arbre toute la nuit
et il ne doit retirer son bandeau que le matin
seulement après l'apparition des premiers rayons du soleil.

Il ne peut demander l'aide de personne.
S'il survit à cette épreuve
il sera un homme.
Il ne devra rien communiquer
au sujet de cette expérience
avec les autres jeunes gens
car chacun d'eux doit la vivre de la même façon.

L'enfant est naturellement terrorisé.
Il entend toutes sortes de bruits :

des bêtes sauvages qui rôdent alentour,
le hurlement des loups,
des êtres humains pourraient lui vouloir du mal.

Il écoute le vent gémir dans les branches,
des crissements, et il doit rester stoïque,

assis sur le tronc d'arbre, sans retirer son bandeau.
C'est la seule façon pour devenir un homme.

Finalement, après cette horrible nuit,
il peut retirer son bandeau.


C'est alors qu'il voit son père assis à côté de lui.

En fait son père n'était pas parti.
Il avait veillé toute la nuit en silence
assis sur le même tronc
pour protéger son enfant du danger
et ce sans que celui-ci le sache.


Ce rite de passage est-il véridique ? Je ne sais pas. Mais quelle belle façon de décrire la foi, la foi que Jésus a voulu nous inculquer en Dieu notre Père !

Jn 16:32-
" Voici venir l'heure - et elle est venue - où vous serez dispersés chacun de votre côté et me laisserez seul. Mais je ne suis pas seul : le Père est avec moi. "


Mt 28:20-
" Et voici que je suis avec vous tous les jours,  jusqu'à la fin du monde. "





samedi 7 avril 2012

Les sept paroles de Jésus en croix (fin)

Les sept paroles de Jésus en croix : (fin)
Cinquième parole :
« J’ai soif » (Jn 19, 28)

La sixième parole de Jésus est : « J’ai soif ». Mais de quelle soif s’agit-il ? On ne peut pas douter que Jésus ait eu soif physiquement et matériellement. Le supplice de la crucifixion devait sûrement creuser la soif. Mais la parole de Jésus sur la croix exprime  une soif tout autre : la soif d’être aimé. C’est cette soif d’être aimé que Jésus a exprimé dans l’évangile de Jean lorsqu’il parla un jour à la Samaritaine et qu’il lui demanda: « Donnne-moi à boire. » (Jn 4, 7) C’est ce qu’a très bien compris Mère Teresa de Calcutta. Un de mes anciens confrères Oblat de la Vierge Marie, le Père Joseph Langford (décédé en 2010) a quitté notre communauté pour fonder, à la demande de Mère Teresa elle-même, la branche masculine des Missionnaires de la charité. C’est ce Père Langford qui a eu comme mission de mettre par écrit la spiritualité propre à Mère Teresa. Or cette spiritualité peut se résumer par les paroles et le symbole suivant : d’abord une croix; au dessous de la croix, la lettre « M » pour Marie; au dessus de la croix, le mot : « Sitio » qui est un mot latin qui signifie : « J’ai soif. ». La spiritualité de Mère Teresa a donc comme fondement la scène évangélique suivante: la Vierge Marie qui, aux pieds de la croix, reçoit la parole de Jésus : « J’ai soif ». D’ailleurs, où que vous alliez dans le monde à la rencontre des Sœurs ou des Pères Missionnaires de la charité, si vous entrez dans la chapelle de leur couvent, vous verrez le crucifix près de l’autel et au dessus du crucifié, la parole : « Sitio ». Quand Mère Teresa ou chacun de nous se penche vers un pauvre, un nécessiteux, un boiteux, un aveugle, un sans-abri, etc pour lui manifester de l’amour, nous ne faisons que répondre à l’invitation de Jésus qui nous dit : « J’ai soif d’être aimé ».
Jésus, sous la représentation du Sacré-Cœur, est apparu un jour à sainte Marguerite-Marie et lui a dit :
« Si tu savais combien je suis altéré de me faire aimer des hommes, tu n'épargnerais rien pour cela.  J'ai soif, je brûle du désir d'être aimé! »
Essayons de répondre au mieux à cette soif de Jésus durant notre courte vie.

Sixième parole :
« Tout est accompli. » (Jn19,30)

Essayons d’imaginer la joie que Jésus a dû éprouver en prononçant cette sixième parole. Tout ce que son Père lui a demandé, Il l’a fait. Il n’a rien refusé à son Père. Quel amour, quelle fidélité, quelle obéissance !


Septième parole :
 « Père ! Entre tes mains, je remets mon esprit. » (Lc 23, 46)

La dernière parole de Jésus, est une parole de confiance. La nuit de la foi est terminée et la confiance filiale totale est revenue. L’Église, dans sa prière liturgique, nous invite à prier ainsi à chaque jour avant de nous endormir. À la prière des Complies, le dernier office de la journée, le chrétien reprend la septième parole de Jésus sur la croix et l’adresse non pas à Dieu le Père, comme l’a fait Jésus, mais à son Fils et notre Seigneur Jésus Christ. Avant le sommeil de chaque jour, et en attendant le dernier sommeil, celui de notre mort, nous prions ainsi : « En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit ».




Les sept paroles de Jésus en croix (quatrième parole)

Quatrième parole :
 « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » 
(Mc 15, 34)

Voici la parole la plus mystérieuse de Jésus en croix; la plus bouleversante aussi. Saint Marc est l’évangéliste qui nous présente la vision la plus noire de la passion du Christ. Or, saint Marc ne nous rapporte qu’une seule parole de Jésus sur la croix, la quatrième parole. Un indice qui montre l’importance de cette parole, est le fait qu’on l’ait conservée dans la langue même de Jésus, l’araméen. « À la neuvième heure, Jésus poussa un grand cri : « Élôï, Élôï, lema sabachthani », ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Mc 15, 34) Il existe deux interprétations de cette parole, deux interprétations en quelque sorte contradictoires.
La première interprétation est la suivante : Jésus n’a pas expérimenté un véritable abandon de la part de son Père. Lorsqu’Il prononce cette parole, il veut au contraire donner une preuve supplémentaire de sa divinité, « en accomplissant les Écritures ». Le soir de sa résurrection, Jésus apparut à ses disciples et leur dit : « Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » (Lc 24, 44)
Le psaume 22 constitue une des plus belles prophéties du Messie et des souffrances qu’Il devait endurer. Ce psaume commence comme ceci : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » et il se termine par la victoire du persécuté. Selon la première interprétation de la quatrième parole de Jésus sur la croix, Jésus a cité la première phrase du psaume 22 pour signifier que malgré les apparences, c’était la victoire qui allait avoir le dernier mot.
Voici quelques versets du psaume 22 :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? Des chiens nombreux me cernent, une bande de vauriens m'entoure; ils ont percé mes mains et mes pieds. Je peux compter tous mes os, les gens me voient, ils me regardent; ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. Mais toi, Yahvé, ne sois pas loin, ô ma force, vite à mon aide; délivre de l’épée mon âme, de la patte du chien, mon unique; sauve-moi de la gueule du lion, de la corne du taureau, ma pauvre âme. J’annoncerai ton nom à mes frères, en pleine assemblée je te louerai. Vous qui craignez Yahvé, louez-le, toute la race de Jacob, glorifiez-le, redoutez-le, toute la race d’Israël. Car il n’a point méprisé, ni dédaigné la pauvreté de pauvre, ni caché de lui sa face, mais, invoqué par lui, il écouta. De toi vient ma louange dans la grande assemblée, j’accomplirai mes vœux devant ceux qui le craignent.


La deuxième interprétation de la quatrième parole de Jésus en croix est la suivante : Jésus a expérimenté un véritable abandon de son Père alors qu’il était sur la croix. Jésus sur la croix, s’est « senti abandonné » par son Père. C’est pourquoi il n’a pas prié à ce moment-là comme Il l’avait toujours fait, même au jardin des oliviers à la veille de sa mort, en employant le mot : Abba, Papa, Père. Jésus ici emploie un mot qui exprime ce qu’il vit; il emploie le mot « Éloïm », qui veut dire « Dieu ». Le Dieu auquel il s’adresse est le Dieu qui lui semble alors tellement distant et tellement étranger à sa souffrance.

Je dois avouer que pour ma part, je prévilégie  cette seconde interprétation. Tant de gens sur cette pauvre terre se sentent ou se sont sentis abandonnés de Dieu, abandonnés par Dieu ! « Se sentir abandonné » ne veut pas dire « être abandonné ». Je pense que Jésus a tenu à faire cette expérience pour que tout être humain puisse être rejoint par Lui, compris par Lui, secouru par Lui. Nous savons que plusieurs saints et saintes ont vécu ce que nous appelons « la nuit de la foi », c’est-à-dire le sentiment que Dieu ne veille plus sur eux, que Dieu est absent de leur vie, que Dieu ne les aime plus. Parmi ces saints et saintes, nous retrouvons sainte Thérèse d’Avila, saint Jean de la croix, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face; et plus près de nous : Mère Teresa de Calcutta. Dans un livre publié très récemment (Viens, sois lumière, Les écrits intimes de « La sainte de Calcutta »), nous pouvons en apprendre davantage sur cette nuit de la foi qu’a vécue et expérimentée Mère Teresa durant cinquante ans. Dans une de ses lettres, Mère Teresa écrit : 

« Il y a tant de contradiction dans mon âme, un profond désir de Dieu, si profond qu’il fait mal ; une souffrance permanente, et avec cela le sentiment de ne pas être voulue par Dieu, rejetée, vide, sans foi, sans amour, sans zèle… Le ciel n’a aucun sens pour moi : il m’apparaît comme un lieu vide ! ».

Et elle écrivit au Père Joseph Neuner, s.j., le 6 mars 1962 : « Si jamais je deviens sainte, je serai certainement une sainte des « ténèbres ». Je serai continuellement absente du Ciel pour allumer la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres sur terre. »


Si des êtres humains et de saintes personnes ont fait l’expérience d’être abandonnés de Dieu, comment ne pas penser et croire que le Fils de Dieu ait voulu connaître cette terrible souffrance par amour pour l’humanité ?



Les sept paroles de Jésus en croix (troisième parole)

Les sept paroles de Jésus en croix : (suite)
Troisième parole :
« Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » 
Jésus, à la fin de sa vie, nous a fait ses plus beaux et ses plus grands cadeaux : l’eucharistie, mémorial de sa mort et de sa résurrection; le commandement nouveau de l’amour fraternel selon Jésus et comme Jésus l’a vécu (nous ne pouvions recevoir ce commandement que le Jeudi Saint, le jour où Jésus se donna à nous dans l’eucharistie, car il faut absolument que Jésus vienne en nous et vive en nous pour que nous soyons capables d’aimer comme Lui) ; le sacerdoce ministériel (« faites ceci en mémoire de moi ») et, du haut de la croix, le don si précieux de sa douce et tendre mère.
« Femme, voici ton fils ! » Quelle phrase extraordinaire pour nous ! Quelle phrase mystérieuse et douloureuse pour Marie! Pour apprécier la beauté et la grandeur de ces quatre mots, il faut, selon moi, être catholique. En lisant ce que je viens d’écrire, certains pourront peut-être être fâchés et se sentir exclus d’une telle chance ou d’une telle joie. Mais de fait, personne n’est exclu de la possibilité d’être habité par une telle joie. Tout le monde est invité à être illuminé et habité par la foi catholique. Pour comprendre la profondeur de cette phrase de Jésus en croix, il faut savoir que pour les catholiques, Dieu se révèle de deux façons : par la Parole de Dieu : les Saintes Écritures; et par la tradition de l’Église, c’est-à-dire la façon dont le peuple de Dieu, spécialement représenté par le Magistère de l’Église (le pape et les évêques en communion avec lui) comprend les Saintes Écritures. Pour quelqu’un qui croirait que Dieu ne se révèle que par la bible, il serait clair que Jésus n’a donné ou confié sa divine Mère qu’à son disciple bien aimé : l’apôtre Jean. Mais les catholiques ont la chance de savoir, grâce surtout au Magistère de l’Église et à ce que nous ont appris et enseigné les Pères de l’Église, que l’apôtre Jean, symbolisait et représentait chacun et chacune de nous alors que Jésus disait à sa mère: « Femme, voici ton fils ! ». Et en disant quelques secondes plus tard à Jean, le disciple bien aimé : « Voici ta mère ! », il invitait non seulement son apôtre, mais chacun et chacune de nous à prendre Marie chez lui comme étant sa mère : « Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. »  (Jn 19, 26-27)

Quelle grâce nous avons d’avoir Marie pour Mère; cette femme immaculée, courageuse, remplie d’amour et surtout si puissante! C’est le même saint Jean qui nous apprend dans son évangile que c’est la foi et l’intercession de Marie qui a fait faire à Jésus son premier miracle alors qu’il est manifeste que l’heure de Jésus de manifester sa gloire, notamment par les miracles, n’était pas encore venue (Jn 2, 1-11) Oui, quelle grâce nous avons d’avoir Marie pour mère! Le cœur de l’apôtre Jean a dû être inondé de joie en entendant ces mots : « Voici ta mère! » Mais il est bon de nous demander comment a dû se sentir Marie en entendant ces mots : « Femme, voici ton fils! ». Saint Bernard, ce grand amant de la Vierge Marie, jette un regard intéressant sur les sentiments qui ont probablement animé le cœur de Marie en entendant cette parole de Jésus prononcée du haut de la croix. Voici ce qu’a écrit saint Bernard de Clairvaux :

« Pour toi, ce fut plus qu'un glaive que cette parole qui, perçant ton âme, atteignit jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit : Femme, voici ton fils. Quel échange! Jean t'est donné en échange de Jésus, le serviteur en place du Seigneur, le disciple au lieu du Maître ; le fils de Zébédée doit remplacer le Fils de Dieu, un homme rien qu'homme se substituer au vrai Dieu! Comment ces mots, à les entendre prononcer, n'auraient-ils pas transpercé ton âme si aimante, quand nos coeurs de pierre et de fer se fendent en les entendant rapporter.» (St-Bernard, homélie pour le dimanche après l’Assomption)  
C’est un peu, je crois, ce que les Pères de l’Église ont souvent enseigné, à savoir que Marie a enfanté Jésus dans la joie mais nous, ses enfants, dans la douleur. On pourrait croire que la douleur dont les Pères de l’Église parlaient consistait dans le fait que Marie souffrait aux pieds de la croix en voyant son fils mourir devant elle, au moment où elle entendait Jésus s’adresser à elle. Mais, comme nous venons de le voir, saint Bernard va plus loin, en un sens, pour expliquer la douleur de celle qui est devenue pour nous à ce moment précis de l’histoire: notre Mère.  
Permettez-moi de terminer ces considérations en citant notre pape Benoît XVI qui a magnifiquement décrit ce que veut dire pour nous « prendre Marie chez soi » :
« L'Evangile nous dit qu'à partir de ce moment, saint Jean, le fils bien-aimé, accueillit la mère, Marie, "chez lui". C'est ce que dit la traduction française; mais le texte grec est beaucoup plus profond, beaucoup plus riche. Nous pourrions le traduire de la façon suivante: il prit Marie dans l'intimité de sa vie, de son être, "eis tà ìdia", dans la profondeur de son être. Prendre avec soi Marie, signifie l'introduire dans le dynamisme de son existence tout entière - il ne s'agit pas d'une chose extérieure - et dans tout ce qui constitue l'horizon de son apostolat. » (Benoît XVI, audience générale du mercredi 12 août 2009)


vendredi 6 avril 2012

Les sept paroles de Jésus en croix: (deuxième parole)

Les sept paroles de Jésus en croix : (suite)
Deuxième parole :
 « En vérité, je te le dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Lc 23, 43)
La deuxième parole de Jésus en croix, s’adresse elle aussi à quelqu’un qui était loin de lui spirituellement, quoique très proche de lui corporellement : celui qu’on a coutume d’appeler « le bon larron ». Ces deux mots « bon larron » sont étonnants; de fait, ils détonnent à première vue. C’est comme si l’on disait de quelqu’un qu’il est un bon bandit. Ce larron est devenu bon sur la croix, au contact de Jésus, sous l’influence de Jésus. Je ne peux m’empêcher de penser que ce voleur et ce bandit a vécu la conversion extraordinaire dont il fait preuve sur la croix, grâce à la première parole de Jésus sur la croix et grâce à la façon dont Jésus vivait son extrême souffrance. Quelle est belle, cette conversion du « bon larron » ! Cet homme a su reconnaître en Jésus le roi de l’univers et son roi. Par les yeux de la foi que lui donnait Dieu à ce moment là, cet homme a réalisé que Jésus, loin d’être le maudit qu’on voulait faire de lui, était en réalité le roi de l’univers. Et le larron de s’exclamer : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras avec ton Royaume » (Lc 23, 42) Ce qui lui valut cette réponse extraordinaire de Jésus : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. » (Lc 23, 43) L’Église a toujours considéré le bon larron comme étant le premier saint canonisé, parce que canonisé par Jésus lui-même. Qu’est-ce que la canonisation ? La canonisation est ce geste infaillible de l’Église qui affirme au monde entier que telle personne est rendue auprès de Dieu, dans le ciel. Pour cela, la personne glorifiée doit donner un signe de sa présence auprès de Dieu, auprès du Père; ce signe, elle le donne en « faisant un miracle ». Mais lorsque c’est Jésus lui-même qui affirme au monde entier que quelqu’un sera avec lui « aujourd’hui même en paradis », nous ne pouvons être plus sûrs de l’état de sainteté de cette personne. Car la sainteté, c’est d’être blancs et immaculés devant Dieu, en présence de Dieu.
Cette deuxième parole de Jésus est véritablement une parole d’espérance. Comme Dieu est bon en nous révélant, à l’article de sa mort, qu’un seul regard de notre part, rempli de contrition, peut nous obtenir instantanément le ciel, peu importe notre passé pécheur ! Sans cette deuxième parole de Jésus sur la croix, nous n’aurions jamais pu être certains d’une telle chose, d’une telle possibilité. Ici, c’est toute la puissance de la doctrine de l’Église sur la « contrition parfaite » qui est mise à jour, qui est mise en pratique. Le larron sur la croix, admet ses erreurs, admet que Jésus est le Juste par excellence, l’agneau immaculé, et que Jésus peut faire quelque chose pour le sauver. Ce nouveau converti désire plus que tout se retrouver pour l’éternité aux côtés de Jésus.
Lc 23:39-
L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : " N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi. "
Lc 23:40-
Mais l'autre, le reprenant, déclara : " Tu n'as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine !
Lc 23:41-
Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes ; mais lui n'a rien fait de mal. "

Le verset 40 laisse entendre que le larron croit en la divinité de Jésus : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine (sous-entendu : « que Lui »; la même peine que Dieu) ! »


Le Jésus qui nous est révélé par ses deux premières paroles sur la croix, est le Jésus Miséricordieux dont nous parle si bien saint Luc dans son évangile. D’ailleurs, il est bon de noter que ces deux premières paroles sont précisément relatées par saint Luc. Grâce à cette parole de Jésus en croix, notre espérance dans le salut de tout être humain peut être sans borne. Dieu peut tout et il « met sûrement le paquet » à l’article de la mort de chacun de ses enfants. Dieu ne pense pas comme nous; Dieu ne calcule pas comme nous. Un seul regard d’amour véritable vers Lui peut obtenir le paradis instantanément pour l’éternité.
Il est bon de noter que les deux premières paroles de Jésus en croix, sont dirigées vers les personnes qui l’avaient rejeté et méprisé, vers les personnes qui par leur conduite, s’étaient éloignées de Lui. C'est précisément saint Luc, dans l’évangile qu’il a écrit, qui ne cesse de nous dire que Dieu se préoccupe d’abord des personnes qui sont loin de lui. C’est le message extraordinaire des trois paraboles de la miséricorde : la brebis perdue et retrouvée, la drachme perdue et retrouvée, le fils perdu et retrouvé (le Père prodigue), en Luc 15, 1-32. Il faudra attendre la troisième parole de Jésus en croix pour voir notre Maître s’adresser aux personnes qu’il aimait le plus en ce monde, aux personnes qui lui étaient les plus chères.  

Les sept paroles de Jésus en croix

Les sept paroles de Jésus en croix :
Note: Vous trouverez dans les blogues subséquents un commentaire de chacune des paroles de Jésus en croix. 
Chers amis,
J’espère que vous allez bien. Comme vous le constatez, depuis quelques semaines, je n’ai pas eu grand temps à consacrer à mon blogue. Je le regrette car j’aime beaucoup vous écrire. Mais je ne veux pas laisser passer les jours les plus saints de l’année sans vous écrire quelques mots. En ce Vendredi Saint 2012, je veux vous inviter à méditer sur les dernières paroles que Jésus a prononcées avant de mourir.
Sur la croix, Jésus a dit sept paroles. Ces paroles ont toujours été chéries par le peuple chrétien. Des prédicateurs fameux ont prêché ou écrit des livres sur les sept dernières paroles du Christ. Mgr Fulton J. Sheen  est sûrement un des plus fameux d’entre eux. Il y a eu aussi le cardinal John Wright. Le Cardinal Wright, dans son livre intitulé  Words in Pain, meditations on the last words of Jesus, cite un très beau passage d’une des pièces de théâtre de Shakespeare : Richard II.  Jean de Gand (ou de Gaunt) est sur le point de mourir et espère que les paroles qu’il va prononcer toucheront le cœur de son jeune et insolent neveu, le roi Richard. Voici un extrait de la pièce de théâtre:       
JEAN DE GAND : Oh ! Mais on dit que la voix des mourants captive l'attention comme une solennelle harmonie ; que lorsque les paroles sont rares, elles ne sont guère jetées en vain, car ils exhalent la vérité ceux qui exhalent leurs paroles dans la douleur, et celui qui ne parlera plus est plus écouté que ceux auxquels la jeunesse et la santé ont appris à causer.   Quoique Richard ait refusé d'écouter les conseils durant ma vie, les tristes discours de ma mort peuvent encore vaincre la dureté de son oreille. (William Shakespeare, Richard II, acte II, scène I)
Cet extrait a le mérite de montrer que souvent les paroles d’un mourant, et d’un mourant qui meurt dans la souffrance, ont beaucoup de poids et méritent d’être retenues. Or, que dire des dernières paroles de Dieu qui meurt en croix pour nous ?
Ce qui m’étonne lorsque je considère les sept paroles de Jésus en Croix, c’est de constater qu’il semble y avoir un consensus sur l’ordre dans lequel ces paroles ont été prononcées. Tout le monde semble d’accord pour dire que la première parole de Jésus sur la croix fut telle parole, que la deuxième parole fut telle parole, et ainsi de suite. Je me demande bien comment on a pu arriver à un tel consensus. Je vais donc me plier volontiers à un tel consensus. Voici les sept dernières paroles de Jésus, paroles prononcées alors qu’Il était en croix, en proie à d’horribles souffrances, selon l’ordre dans lequel elles auraient été prononcées.
Première parole : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34)  

Deuxième parole : « En vérité, je te le dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Lc 23, 43)

Troisième parole : Jésus, voyant sa mère et, se tenant près d’elle le disciple qu’Il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. »  Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. (Jn 19, 26-27)

Quatrième parole : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34)

Cinquième parole : « J’ai soif » (Jn 19, 28)

Sixième parole : « Tout est accompli. » (Jn19,30)

Septième parole : « Père ! Entre tes mains, je remets mon esprit. » (Lc 23, 46)

Première parole :
« Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23, 34)
Le premier mot de la première parole (par « parole », vous avez deviné que je veux dire ici « phrase »)  de Jésus en croix et le premier mot de la dernière parole est le même. Il s’agit du fameux mot « abba », « papa », qui définit et décrit toute la personnalité de Jésus et sa mission. La grande raison de vivre de Jésus, c’est son Père et la grande mission de sa vie a été de nous révéler le Père, ce Père qui est aussi le nôtre. Le mot « abba » est un mot que l’Église a voulu conserver dans la langue de Jésus, vu son importance. Ce petit mot de quatre lettres est essentiellement un mot de confiance. Il exprime toute la confiance que Jésus a envers son Père. Or le premier mot dit par Jésus en croix, dans un moment de douleurs atroces, est un mot de confiance filiale envers son Père et notre Père. N’est-ce pas beau de voir Jésus qui, dans les moments les plus difficiles de sa vie, ne perd pas confiance en Celui qu’Il aime plus que tout ?
Un des plus beaux commentaires que j’aie lus de cette première parole de Jésus, vient de Aelred de Rievaulx. Cet auteur souligne le fait que Jésus, dans cette première prière, non seulement demande pardon pour ses persécuteurs (dont vous et moi faisons partie), mais en plus, il a l’extrême générosité de les « excuser » :
« En entendant cette admirable parole, pleine de douceur, d’amour et d’imperturbable sérénité : Père, pardonne-leur, que pourrait-on ajouter à la douceur et à la charité de cette prière ? Et pourtant le Seigneur ajouta quelque chose. Il ne se contenta pas de prier, il voulut aussi excuser; Père, dit-il, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils sont sans doute de grands pécheurs, mais ils en ont à peine conscience; c’est pourquoi, Père, pardonne-leur. Ils crucifient, mais ils ne savent pas qui ils crucifient, car s’ils l’avaient su, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. C’est pourquoi, Père, pardonne-leur. » (Aelred de Rievaulx, dans Le miroir de la charité)