dimanche 25 décembre 2011

Noël 2011


Noël 2011

Chers amis,
Laissez-moi vous souhaiter un saint Noël 2011; oui, un saint Noël 2011. Noël est la deuxième fête chrétienne en importance; elle vient après Pâques qui est la fête des fêtes : Pâques nous permet de célébrer la résurrection de Jésus. Si Jésus n’était pas ressuscité, nous ne serions pas ici aujourd’hui pour célébrer sa naissance. Pâques, c’est le but de la vie de Jésus et c’est notre but à nous aussi.
Ce Jésus qui est ressuscité, c’est Lui qui naît aujourd’hui pour nous. Je suis toujours étonné lorsque je prépare des jeunes parents au baptême de leur enfant, de constater que plusieurs d’entre eux ne savent pas que Jésus est Dieu. Tous sont d’accord pour dire que Jésus est le Fils de Dieu, mais plusieurs ignorent que Jésus est Dieu. Or moi, je ne serais pas tellement intéressé à connaître un Jésus qui ne serait qu’un homme. Un Jésus uniquement homme ne pourrait pas m’être d’une grande utilité. Mais si Jésus est Dieu, alors là, tout change.
Aujourd’hui, dans nos églises, nous allons retrouver une foule de gens qu’on ne voit pas souvent. Certains viendront pour entendre des chants qu’ils connaissent; certains viendront pour le côté folklorique ou culturel de la fête. C’est une tradition pour certains d’aller à l’église à Noël et parfois à Pâques. Mais plusieurs d’entre eux ne croient pas que Jésus est Dieu. Moi je crois que Jésus est Dieu. La première personne qui a cru à la divinité de Jésus, c’est Marie, sa Mère; celle que nous prions en disant : « Sainte Marie, Mère de Dieu ». La deuxième personne qui y a cru, dans le temps, il semble que ce fut Élisabeth, la cousine de Marie : « Qu’est-ce qui me vaut que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 43) Ensuite, il y a eu Joseph : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse car  l’enfant qu’elle a conçu vient de l’Esprit Saint. » (Lc 1, 20)
Depuis deux mille ans, des millions et des millions de personnes ont cru et croient que Jésus est Dieu. Et les personnes qui croient que Jésus est Dieu, sont loin d’être folles. Voilà pour moi un signe très fort de la vérité de notre foi : le fait que des millions de personnes aujourd’hui en 2011, comme par le passé, croient que Jésus est Dieu. On entend souvent des gens dire que « toutes les religions se valent ». Je regrette, mais toutes les religions ne se valent pas. Il n’y a pas une religion sur terre qui aille aussi loin que la nôtre; qui aille jusqu’à croire que le Dieu qui a tout créé, qui a créé le cosmos, les galaxies, les planètes et tout ce qui nous entoure, que ce même Dieu se soit fait petit enfant faible et nu et qu’il soit né dans une mangeoire ! C’est tellement extraordinaire que Dieu ait fait cela ! Et c’est tellement extraordinaire que des millions d’être humains croient cela aujourd’hui comme hier ! Au risque de me répéter, cela est pour moi un signe très fort de la vérité de ce mystère.
Personnellement, je crois à tout cela. Mais de plus en plus, je réalise que je n’y crois pas assez. Et voilà ma question en ce Noël 2011 : comment se fait-il que si je crois vraiment que Jésus est Dieu et qu’il naît pour moi aujourd’hui, que cela ne change pas plus de choses dans ma vie ? Avez-vous déjà lu des vies de saints et de saintes ? S’il y a une chose que nous devrions faire à chaque année, c’est de lire une vie de saint ou de sainte. Je viens tout juste de lire la vie de saint François d’Assise par Julien Green. C’est un livre magnifique. Quand vous lisez la vie d’un saint, vous voyez que la foi de cet homme ou de cette femme est tellement vive, tellement vivante. Ces personnes vivent avec l’invisible comme nous nous vivons avec le visible. Pour eux, c’est l’invisible qui est le plus réel. Les choses qui nous entourent, souvent nous déçoivent; les réalités invisibles et surnaturelles qui regardent Dieu, ne nous décevront jamais. Comment se fait-il, si je crois que Jésus est Dieu, que je ne le prie pas davantage ? Comment se fait-il, si je crois que Marie est la Mère de Dieu, que je ne la prie pas davantage ? Comment se fait-il, si je crois que Jésus est Dieu et qu’Il est par conséquent la vérité même, que je ne mette pas tous mes efforts à suivre ses voies, à suivre le chemin de l’évangile ?
Il y a une phrase de l’évangile qui me revient à l’esprit très souvent ces jours-ci : « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation; l’esprit est ardent mais la chair est faible. » (Mt 26, 41) Combien de fois j’ai entendu cette phrase de mon très doux et souverain Seigneur? Combien de fois cette phrase est-elle parvenue à mes oreilles ? Mais comment se fait-il que je ne l’aie presque jamais appliquée à ma vie; que je ne l’aie presque jamais mise en pratique ? Jésus doit tellement être déçu que ses phrases divines tombent comme ça dans le vide, ou presque; que si peu de gens les écoutent vraiment. Sainte Marie, Mère de Dieu, apprends-nous à écouter la Parole de Dieu et à la mettre en pratique. Jésus lui, a été le premier à mettre en pratique ses divines paroles. La phrase que je viens de citer en saint Mathieu, Jésus l’a dite dans le jardin des oliviers, le dernier soir de sa vie sur terre. Jésus a connu ce soir-là l’épreuve la plus dure de sa vie. Il s’est mis à être triste à en mourir, à avoir peur, tellement peur qu’il suera du sang. Il connaîtra l’angoisse et un sentiment d’impuissance. Mais il aura recours à Dieu; il mènera le dur combat de la prière. Le mot « agonie », étymologiquement veut d’ailleurs dire combat. « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation. L’esprit est ardent mais la chair est faible. » Cette phrase, Jésus l’a proclamée le soir du jeudi saint mais surtout, il l’a vécue; il l’a mise en application dans sa vie. Il a veillé et il a prié; il a beaucoup prié. Au terme de sa prière, il a reçu une telle force de son Père qu’il est allé sans hésitation jusqu’au bout de l’amour. Les meilleurs amis de Jésus qui ont entendu ces paroles magnifiques, ne les ont pas mises  en pratique. Ils ont dormi au lieu de veiller et de prier et lorsque la tentation est venue, ils ont eu peur et ils ont fui. Voilà toute la différence.
Depuis quelques années, je vis des problèmes, des difficultés dans ma vie d’union avec Dieu, des tentations. Il y a une quinzaine de jours, en la Solennité de l’Immaculée Conception (le 8 décembre), j’ai reçu une très belle grâce : j’ai eu la conviction intime  que si je remettais le chapelet dans ma vie, ces difficultés et ces tentations disparaîtraient. Or tel est le cas. Le soir, je sors mon chapelet et je le prie en compagnie de Marie. Et mes difficultés ou tentations fondent comme neige au soleil. Lorsque j’avais vingt ans, le chapelet récité tous les jours a été ma bouée de sauvetage. Grâce à cette prière mariale par excellence, j’ai retrouvé le chemin de l’évangile; j’ai retrouvé la paix, la sérénité et mon cœur a été disposé à entendre l’appel à la vie religieuse et sacerdotale.
Chers amis chrétiens et chrétiennes, qu’est-ce que je nous souhaite en ce Noël 2011 ? Je nous souhaite que cette foi en Dieu que nous avons en commun, que cette foi en Jésus, gouverne davantage notre vie. Prions en ce jour afin que nous devenions davantage présents au mystère. Prions pour que les choses qui nous entourent ne nous distraient pas de l’essentiel, des réalités invisibles qui sont beaucoup plus importantes et essentielles : « Les choses visibles sont provisoires; les choses invisibles sont éternelles. » (2 Cor 4,18)



samedi 17 décembre 2011

La fourmi et l'éléphant

La fourmi et l’éléphant:
Résultats de recherche d'images pour « la fourmi et l'éléphant »
Nous commençons aujourd’hui l’octave de préparation à Noël. Augmentons notre ferveur, « élargissons notre tente » comme le dit si bien le prophète Isaïe. Notre cœur est beaucoup trop étroit pour recevoir tant de magnificence.
L’octave de préparation à Noël est tellement solennelle ! Nous allons proclamer en Église les évangiles de l’enfance. Lorsque je fais la première rencontre de groupe des parents qui désirent faire baptiser leurs enfants, je fais une catéchèse sur les fondements de notre foi chrétienne. Je demande aux parents s’ils croient que Jésus est Dieu. En moyenne, la moitié d’entre eux répond « non ». Voilà où nous en sommes dans le domaine de la foi ici au Québec en 2012 : une grande partie des parents qui font baptiser leurs enfants ne sait pas, et donc ne croit pas que Jésus est Dieu. Tous admettent que Jésus est le fils de Dieu, mais nombreux sont ceux qui ignorent que Jésus est Dieu.
Je profite alors de l’occasion pour témoigner de la foi qui est la mienne. Je leur dis sans ambages que si Jésus n’était qu’un homme, que si Jésus était né de Marie et de Joseph, je ne serais pas avec eux dans cette pièce et je ne leur ferais pas perdre leur temps. Si Jésus n’est qu’un homme, il ne mérite pas que je lui donne ma vie, que je lui consacre ma vie. Et je leur dis pourquoi je crois que Jésus est Dieu. Je reprends alors l’annonce faite à Marie en saint Luc (évangile de ce quatrième dimanche d’Avent : Lc 1, 26-38) et l’annonce faite à Joseph en saint Mathieu (Mt 1, 18-25). Marie et Joseph ont clairement appris de l’ange Gabriel que Jésus serait conçu du Saint-Esprit, la troisième Personne de la très sainte Trinité, et qu’ainsi Il serait Dieu. Jésus parfaitement homme, grâce à Marie; Jésus parfaitement Dieu, grâce à l’Esprit Saint.
Je dis alors aux jeunes parents qu’on peut rire de cela ou on peut le croire. Et je leur dis que la foi n’est pas une question de quotient intellectuel : il y a des gens très intelligents qui croient que Jésus est Dieu et des gens très intelligents qui n’y croient pas. La foi en Jésus Fils de Dieu et Dieu lui-même est avant tout un don. Or pour recevoir un don, il faut souvent le désirer; il faut souvent le demander.
Ce qui éclate selon moi dans les évangiles de l’enfance, c’est la Toute Puissance de Dieu. Certaines personnes aujourd’hui ne tolèrent plus que l’on parle de Dieu comme étant le Tout-Puissant. Ces personnes craignent que la Toute Puissance de Dieu effraie les gens, surtout les jeunes. Vu que les êtres humains exercent très mal leur puissance lorsqu’ils en ont, certaines personnes craignent de parler aux gens de la Toute Puissance de Dieu. J’avoue que je n’ai pas ce problème. Au contraire, j’aime beaucoup parler et entendre parler de la Toute Puissance de Dieu. Il faut vraiment que Dieu soit puissant pour concevoir un être humain sans le concours de l’homme; il faut vraiment que Dieu soit puissant pour faire en sorte que deux personnes sur terre aient cru du premier coup que le Dieu infiniment saint puisse habiter le sein d’une femme et habiter au sein de son peuple.
Nos humoristes québécois se font souvent une gloire de rire de cette croyance essentielle et fondamentale de notre foi. Ces humoristes me font penser à la fourmi qui se gonflerait ou se bomberait le torse (si elle en avait un; ou si à tout le moins on pouvait le voir) devant l’éléphant. Quelle serait la réaction de l’éléphant ? Est-ce qu’il écraserait la pauvre petite bête. Je ne crois pas. La bible nous dit que seuls les gens qui sentent que leur pouvoir est menacé, font usage de leur force (1). Mais qui peut menacer le Tout Puissant? Tout au plus, l’éléphant jettera un regard de compassion devant cette fourmi qui se prend pour un autre. Peut-être Dieu a-t-il un sourire aux lèvres lorsqu’il voit sa créature humaine si pauvre, si misérable à plusieurs points de vue, se glorifier comme si elle était Dieu ? Mais je crois plutôt que Dieu éprouve bien du chagrin devant l’être humain qui se veut tout puissant mais qui ne sait pas reconnaître la Toute Puissance de Celui qui l’a créé.
(1)   « Ta force est à l’origine de ta justice, et ta domination sur toute chose te rend patient envers toute chose. Il montre sa force, l’homme dont la puissance est discutée, et ceux qui la bravent sciemment, il les réprime.
Tandis que toi, Seigneur, qui disposes de la force, tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement, car tu n’as qu’à vouloir pour exercer ta puissance. » (Livre de la Sagesse, chap 12, versets 16-18)

C’est aussi le message contenu dans la prière d’ouverture de la messe du 26ème dimanche du temps ordinaire:

PRIÈRE D'OUVERTURE
                Dieu qui donnes la preuve suprême de ta puissance 
                        lorsque tu patientes et prends pitié, 

                sans te lasser, accorde-nous ta grâce : 
                en nous hâtant vers les biens que tu promets, 
                        par l'écoute de ta Parole et l'obéissance à ta volonté, 
                nous parviendrons au bonheur du ciel. 
                Par Jésus, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,

                       qui vit et règne avec toi pour les siècles des siècles. Amen ! 


La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf

Résultats de recherche d'images pour « la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf morale »

Une Grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point.". La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.

Jean de La Fontaine

  

lundi 12 décembre 2011

L'odeur de Dieu

L'odeur de Dieu
(L’histoire de Danae Lu Blessing)

Ce texte a paru dans le livre : Miracles in Our Midst (Miracles parmi nous) qui est une compilation de récits pouvant inspirer les gens. Le titre original de ce récit   est : « Heaven Scent », que l’on pourrait traduire par « L'odeur du ciel ». J’ai préféré pour ma part donner le titre suivant : « L'odeur de Dieu ». 


Un vent froid de mars soufflait à Dallas alors que le docteur entrait dans une petite salle de l’hôpital où Diana Blessing était encore étourdie par son accouchement. Son mari David tenait sa main pour les dernières nouvelles.
Cet après-midi de mars 1991, des complications avaient obligé Diana, enceinte de 24 semaines seulement, à subir d’urgence une césarienne pour délivrer leur 1ère fille : Dana-Lu Blessing. Mesurant 12 pouces de longueur et pesant seulement 1 lb 9oz, ils avaient deviné qu’elle était dangereusement prématurée.
Les paroles du docteur tombaient telles des bombes : "Je ne crois pas qu’elle va vivre", a-t-il dit le plus gentiment possible. “Il n’y a que 10% de chances qu’elle passe la nuit, et même si par miracle elle survivait, son avenir serait très cruel ». 
Abasourdis et n’en croyant pas leurs oreilles, David et Diana écoutaient la façon dont le docteur décrivait les problèmes dévastateurs auxquels Danae devrait probablement faire face si elle survivait :  « Elle ne marchera jamais, ne parlera jamais, sera probablement aveugle et certainement sujette à d’autres situations catastrophiques allant de la paralysie cérébrale jusqu’au fait d’être complètement retardée mentalement ; etc, etc.  
« Non ! Non ! », c'était tout ce que pouvait dire Diana. Elle et David, avec leur fils Justin 5 ans, rêvaient depuis longtemps du jour où ils auraient une fille et devenir une famille de 4 personnes. Maintenant, en l’espace de quelques heures , leur rêve s'envolait. Une fois passées les sombres heures du matin, alors que Danae s’accrochait à la vie par un très menu fil, Diana dormait et se réveillait sous l’effet des somnifères. Dans son esprit, une conviction devint de plus en plus ferme et claire : leur fragile fille survivrait et vivrait en santé et heureuse. Mais David, parfaitement réveillé et ayant entendu des détails supplémentaires sur le fait que leur fille n’avait pas grand chance de sortir en vie de l’hôpital et encore moins en santé, savait qu’il était de son devoir de préparer son épouse à faire face à l’inévitable.  Il entra dans la chambre et dit à Diana qu’il fallait commencer à parler des arrangements funéraires. Diana se rappelle : « Je me sentais tellement mal pour David parce qu’il essayait de tout faire, et qu’il essayait de m’embarquer dans ses plans mais je ne l’écoutais pas ; j’étais incapable de l’écouter. Je lui dis : « Non, cela n’arrivera pas, il n’en est pas question ! Je me fiche de ce que les docteurs disent ; Danae ne mourra pas ! Une jour elle ira mieux et reviendra vivre avec nous à la maison. »
Comme si elle avait voulu s’associer à la détermination et à l’assurance de sa mère, Danae s’est accrochée à la vie heure après heure avec l’aide de toute la technologie médicale disponible et les traitements que son corps miniature pouvait endurer. Mais après que les premiers jours furent passés, David et Diana vécurent une nouvelle agonie. Étant donné que le système nerveux sous-développé de Danae était à vif, le plus léger baiser ou la plus tendre caresse ne pouvait que lui causer du mal. Par conséquent, les pauvres parents ne pouvaient même pas tenir leur fragile petite fille dans leurs bras contre leur poitrine pour l’encourager de leur amour. Tout ce qu’ils pouvaient faire, alors que Danae combattait seule sous la lumière ultra-violette entourée de fils et de tubes, c’était de prier Dieu de se tenir tout près de leur précieuse petite fille. Le moment où Danae se sentit soudainement beaucoup plus forte n’arriva jamais. Cependant, au fur et à mesure que les semaines passaient, elle s’est mise lentement à gagner une once de poids par ci et une once de courage par là.
Finalement, lorsque Danae fut âgée de deux mois, ses parents furent capables de la tenir dans leurs bras pour la première fois. Et deux mois plus tard, même si les médecins continuaient à avertir les parents que les chances de survie de leur enfant ou même la possibilité qu’elle mène une vie normale, étaient près de zéro, Danae retourna chez elle, exactement comme sa mère l’avait prédit.
Aujourd’hui, cinq ans plus tard, Danae est une délicate mais courageuse petite fille, avec des yeux gris pétillants et un enthousiasme débordant de vie. Elle ne montre aucun signe de troubles mentaux ou physiques. Simplement, elle est tout ce qu’une petite fille peut être et même plus; mais cette fin heureuse est loin d’être la fin de son histoire. Par un après-midi  torride de l’été 1996 (Danae avait alors cinq ans), près de sa maison à Irving, Texas, Danae était assise sur les genoux de sa mère dans les gradins d’un stade de baseball local où l’équipe de son frère Justin avait un entraînement. Comme toujours, Danae jasait sans arrêt avec sa mère et quelques autres adultes assis près de là lorsque soudain elle se tut. Mettant ses bras autour d’elle comme si elle donnait l’accolade à quelqu’un, Danae demanda à sa mère : « Sens-tu cela? » Sentant l’air et percevant qu’un orage s’en venait, Diana répondit : « Oui, cela sent la pluie. » Danae ferma ses yeux et demanda encore une fois : « Sens-tu cela ? » Une fois de plus, Diana répondit : « Oui, je crois que nous allons nous faire mouiller, cela sent la pluie. » Toujours sous l’emprise du moment, Danae secoua la tête, se tappa sur les épaules avec ses petites mains et proclama d’une voix forte : « Non, cela sent comme Lui. Cela sent comme Dieu lorsque tu reposes ta tête sur sa poitrine. » Des larmes coulèrent des yeux de Diana alors que Danae se leva d’un bond pour aller jouer avec les autres enfants. Avant que la pluie ne vienne, les mots de Danae confirmèrent ce que Diana et les autres membres de la famille élargie des Blessing avaient su, du moins dans leurs cœurs, depuis le début : durant ces longs jours et ces longues nuits des deux premiers mois de sa vie, alors que les nerfs de Danae étaient trop sensibles pour que ses parents puissent seulement la toucher, Dieu tenait Danae sur sa poitrine, et c’était de cette odeur remplie d’amour dont se souvenait l’enfant.

L’organisation « TruthOrFiction.com » a fait des recherches pour voir si cette histoire était véridique. Les personnes de cette organisation sont entrées en contact avec la famille Blessing qui a confirmé la véracité de tout cela. Voici un extrait de la lettre que Diana Blessing a envoyée à cette organisation le 21 août 2000 et dans lequel Diana affirmait que leur fille de neuf ans se portait à merveille :
« Danae est maintenant une fille de quatrième année pleine de vie, jolie, active, libre d’esprit, heureuse et amoureuse du Bon Dieu. Elle fréquente le programme pour les enfants doués et talentueux. Elle est toujours petite et délicate mais elle croît à chaque jour. Elle aime jouer à des sports où l’on bouge beaucoup : le soccer, le softball, le basketball. Elle a fait de la gymnastique et elle aime beaucoup ça. Elle nage comme un petit poisson. Elle aime tous les animaux et en a quelques uns à elle. Danae a une compassion pour les gens que je n’ai jamais vue chez d’autres enfants et pourtant je travaille avec des enfants à chaque jour. C’est une pure joie d’être auprès d’elle et elle ne tarit pas de paroles. Quand j’ai commencé à recevoir des commentaires de personnes qui avaient lu notre témoignage, j’ai été étonnée. J’ai vite compris que Dieu opérait sa magie. Je Le remercie de me donner la grâce de voir ses bonnes œuvres à chaque jour. Mon mari et moi avions décidé que si le fait de partager à d’autres l’histoire de Danae pouvait toucher ne serait-ce qu’une personne, cela vaudrait la peine. Je sais désormais que cette histoire a touché beaucoup, beaucoup de gens et cela continue à chaque jour. Je suis tellement reconnaissante de connaître le Seigneur et de Le savoir si clairement avec nous. Je suis aussi très reconnaissante pour le fait que cette histoire ait touché tant de gens. Espérons que cette histoire continuera de répandre la bonne nouvelle de l’Amour de Dieu.  
Merci d’avoir pris le temps de vérifier la vérité de cette histoire. Je suis excitée à la pensée de toutes les vies qui seront touchées encore maintenant grâce au fait que les gens sauront désormais que cette histoire est vraie.
Diana Blessing- la mère la plus chanceuse sur cette terre.

Cette histoire constitue un très beau commentaire des phrases suivantes de saint Paul :
« Grâce soit rendue à Dieu qui, par le Christ, en tout temps nous fait triompher, et qui, par nous, manifeste [répand] en tout lieu le parfum de sa connaissance. De fait nous sommes, pour Dieu, la bonne odeur du Christ parmi ceux qui se sauvent et parmi ceux qui se perdent  pour les uns, odeur qui de la mort conduit à la mort, pour les autres, odeur qui de la vie conduit à la vie. » (2 Cor 2, 14-16 )                 
Voici la façon dont Jean Lévêque, carme, de la Province de Paris, commente ce texte de saint  Paul sur son site : Bible et vie monastique.
La victoire de Dieu, c'est la connaissance du Christ manifestée (répandue) en tout lieu, et les apôtres sont les ouvriers de cette expansion universelle, les porteurs en tout lieu de la connaissance du Christ ; la victoire de Dieu, c'est l'expansion d'un parfum, insaisissable, mais puissant et tenace.            Le parfum n'est donc pas un accessoire du triomphe, comme un surplus de solennité : le parfum manifeste directement la victoire de Dieu. Parce que la victoire de Dieu doit faire le bonheur de l'homme et changer toute l'ambiance de la vie collective, Paul la décrit comme la diffusion d'un parfum, comme le triomphe d'une bonne odeur. Mais l'optimisme missionnaire de Paul va plus loin encore : non seulement les apôtres sont au service de Dieu en répandant partout la connaissance du Christ, non seulement, ce faisant, ils propagent en tout lieu le parfum du Christ, mais ils sont, eux-mêmes, la bonne odeur du Christ, tellement ils s'identifient au message qu'ils annoncent.
Arrêtons-nous un moment sur la symbolique du parfum.

Le parfum signale une présence.
Il surprend parfois, mais attire toujours l'attention sur une présence ressentie comme heureuse, bénéfique, amicale ; et même parfois, quand la présence cesse, la permanence du parfum agit comme une mémoire.

Le parfum valorise un lieu, une chose, une personne.
Et de fait il apporte un surcroît d'être : non seulement telle rose est belle à voir, mais elle sent bon.

Le parfum est de l'ordre du don, du partage, de l'émanation généreuse.
Il n'y a de parfum que livré au dehors ; le parfum d'un être est, de soi, destiné à d'autres vivants. Si la vue et l'ouïe soulignent l'extériorité, l'odeur vient au-devant, elle pénètre, et la raison d'être d'un parfum est d'être perçu, reçu, intégré.

Le parfum, moyen de communication immédiate entre les vivants, crée une connivence.
Il enrichit la présence réciproque de deux ou plusieurs vivants. Il met à l'aise, il crée entre les personnes une sorte d'assentiment de base, antérieur à tout raisonnement.

Le parfum apporte la joie, la joie personnelle et la joie partagée.

Le parfum d'un être est une offre gratuite, proposée à tous indistinctement, sans choix préalable et sans exclusive : il suffit d'être proche pour sentir.


²    "Nous sommes, pour Dieu, la bonne odeur du Christ", affirme Paul, et il faut laisser toute sa force à cette image qu'il emploie.



















dimanche 4 décembre 2011

L'Immaculée

L’Immaculée :

Cher lecteur, chère lectrice,

J’espère que vous allez bien. J’ai été pas mal silencieux ces jours-ci. Je m’en excuse. J’ai tant de choses dans la tête par les temps qui courent. Mais la bonne nouvelle, c’est que j’ai aussi quelque chose dans le cœur. J’ai à cœur de vous parler, en ce deuxième dimanche de l’Avent, de notre immaculée Mère du ciel : la très Sainte Vierge Marie. Jeudi, nous célébrerons en Église la Solennité de l’Immaculée Conception (le 8 décembre). Je suis toujours étonné de constater que de nombreux catholiques confondent encore l’immaculée conception de la Vierge Marie avec la conception virginale de Jésus. L’Immaculée Conception  regarde Marie, a pour objet la Vierge elle-même. Par une grâce insigne, donnée en vue de la rédemption que Jésus allait opérer, Marie n’a jamais été touchée par le péché. Jamais le péché ne l’a même effleurée. Marie fut conçue Immaculée dans le sein de sa mère : sainte Anne. Marie est la seule créature humaine qui n’a jamais été entachée de la faute originelle de nos premiers parents; Elle est la seule à avoir été épargnée du péché originel. Et Marie n’a jamais commis un péché de toute sa vie. N’est-ce pas extraordinaire ? Cette femme n’a été marquée que par la sainteté. Elle a grandi de grâce en grâce. Seule la grâce a façonné Marie. On ne peut même pas imaginer ce que cela signifie dans les faits. Marie, grandissant de grâce en grâce, a atteint un sommet de sainteté inégalé et qu’on ne pourra vraiment contempler qu’au ciel.

La solennité de l’Immaculée Conception est précédée dans le calendrier liturgique par la fête de la « Médaille Miraculeuse » que l’on célèbre le 27 novembre. Le 27 novembre 1830, la très Sainte Vierge Marie est apparue à celle qui allait devenir « sainte Catherine Labouré », les mains tendues vers le monde, vers nous, et des rayons sortant de ses mains. Dans ces mains tendues, nous pouvons lire toute la sollicitude de Marie envers nous ses enfants et sa prière maternelle en notre faveur. Nous sommes en droit de croire que toute grâce et toute faveur spirituelle nous parviennent par les mains maternelles de Marie. C’est cette attitude de Marie avec ce positionnement des mains que Bernadette a vu à Lourdes, lors de l’apparition du 25 mars 1858 (1). Et c’est dans cette même position que la Vierge est apparue à Rome le 20 janvier 1842 au sceptique qu’était Alphonse Ratisbonne. Catherine Labouré vit alors les mots suivants entourer la Vierge : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. » Voilà, exprimé très clairement, le dogme de l’Immaculée Conception, dogme qui ne sera défini que vingt-quatre ans plus tard : le 8 décembre 1854. La Vierge Marie a dit à Catherine Labouré : « Faites frapper une médaille sur ce modèle; les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces ». Ce fut fait; et ce fut vrai. En très peu de temps, les miracles attribués à cette médaille furent si nombreux qu’on lui donna le nom de « médaille miraculeuse ».

Si un jour vous allez à Paris, je vous encourage à aller à la rue du Bac, à la chapelle des apparitions de la Vierge Marie à sainte Catherine Labouré. C’est un endroit magnifique et tellement paisible. Dès que nous entrons sur le terrain du monastère, dans l’enceinte murée, nous avons l’impression de quitter ce monde qui passe et de rejoindre l’invisible. Sur votre gauche, sculptée dans la pierre, vous pouvez voir diverses scènes représentant la vie de sainte Catherine Labouré. La dernière fresque représente le plus grand des miracles attribués à la médaille miraculeuse : la conversion d’Alphonse Ratisbonne. Cela nous montre que pour l’Église, les plus grands miracles sont les guérisons spirituelles, les conversions.

Alphonse Ratisbonne est né le 1er mai 1814, à Strasbourg, en France. Né de parents juifs, il n’adhère à aucune religion et est résolument athée. Il développe assez tôt une aversion envers la religion catholique. Une fois adulte il admettra qu’il y avait un membre de sa famille qu’il haïssait : son frère Théodore, un peu plus âgé que lui, qui était devenu catholique et, comble de malheurs, s’était fait prêtre. Alphonse était fiancé à une jeune fille de 16 ans qu’il désirait épouser. Ne pouvant se marier immédiatement à cause de l’âge précoce de sa fiancée, Ratisbonne décide de faire un voyage qui le conduirait en Orient. Avant de partir, sa fiancée lui fait promettre de ne pas passer par Rome. Ratisbonne en fait la promesse. Une fois à Naples, Ratisbonne se trompe de train et le voilà en route, bien malgré lui, pour Rome où la Vierge Immaculée l’attendait. Une fois rendu à Rome, Alphonse se met à la recherche d’un des amis de son frère Théodore, le baron Gustave de Buissière qui était un fin connaisseur de l’orient. Par erreur, il est plutôt conduit chez un certain Théodore de Buissière, un catholique convaincu et très apostolique. Monsieur Théodore de Buissière ne mit pas beaucoup de temps à s’apercevoir quel genre de personne était Alphonse Ratisbonne : un libre penseur aux idées très libérales. N’est-il pas étonnant de constater à quel point les « libres penseurs »  sont très souvent « esclaves » de leurs préjugés ? M. de Buissière eut l’audace de demander à Alphonse Ratisbonne de porter à son cou la médaille miraculeuse. Dans un premier temps, Ratisbonne se fâcha à l’idée de poser un geste aussi ridicule mais, la grâce agissant, il accepta et passa la médaille à son cou. Il s’exclama alors, par moquerie : « Me voilà maintenant catholique romain. ». M. de Buissière ne s’arrêta pas là. Il poussa l’audace jusqu’à tendre un bout de papier à Ratisbonne en lui disant : « J’aimerais aussi que vous récitiez à chaque jour cette prière mariale qu’on appelle le Memorare. Je vous prierais de la copier chez vous et de me la remettre car c’est l’unique exemplaire que j’ai. » Ratisbonne se fâcha à nouveau en disant qu’il était temps d’en finir avec ces bêtises. Mais la grâce continuant d’agir, il accepta ce défi supplémentaire. Ce soir-là, Alphonse Ratisbonne alla au théâtre pour se changer les idées. De retour chez lui, en se dévêtant, il prend conscience qu’il porte désormais une médaille à son cou et se souvient de la prière qu’on lui a prêtée. Il s’assit pour transcrire le Memorare. Le lendemain matin, cette prière mariale qui est quand même assez longue et que j’ai toujours personnellement de la difficulté à mémoriser, s’était totalement imprégnée dans l’esprit de Ratisbonne sans que ce dernier soit capable d’en donner la raison.

Quelques jours plus tard, Ratisbonne se trouve sur la place d’Espagne à Rome, dans un café. Au sortir du café, il rencontre M. de Buissière qui l’invite à monter dans sa voiture et lui dit : « Je vais m’arrêter quelques instants à l’église Saint-André delle Fratte car un bon ami est décédé et je dois faire les préparatifs des funérailles. Vous pourrez m’attendre dans la voiture et nous irons passer un moment ensemble par la suite ». Ratisbonne monte dans la voiture. Alors que M. de Buissière est dans l’église, Ratisbonne décide d’aller jeter un coup d’œil dans ce lieu de culte. Plus tard, racontant cette journée mémorable, il écrira que ce jour-là devant l’église, il y avait un chien noir qui bondissait devant lui comme pour l’empêcher d’entrer. Une fois à l’intérieur de l’église, rien d’extraordinaire n’a attiré l’attention du visiteur. Soudain, tout devint sombre et un faisceau de lumière se dirigea vers un autel latéral, situé à l’extrémité opposée de l’endroit où était entré Alphonse Ratisbonne. Ce dernier ne se rappelle pas avoir franchi la distance entre l’entrée et l’autel latéral situé à l’extrémité opposée. Soudain, la Vierge Immaculée lui apparut, dans la même position que la Vierge de la médaille miraculeuse. Seul l’index de sa main droite pointait vers le bas, comme pour indiquer à Ratisbonne de venir s’agenouiller à ses pieds. Alphonse fut complètement bouleversé par cette apparition. Voici un texte écrit de sa main : 

J’étais depuis un instant dans l’église lorsque tout d’un coup, je me suis senti saisi d’un trouble inexprimable ; j’ai levé les yeux, tout l’édifice avait disparu à mes regards. Une seule chapelle avait pour ainsi dire concentré la lumière et au milieu de ce rayonnement parut, debout sur l’autel, grande, brillante, pleine de majesté et de douceur, la Vierge Marie, telle qu’elle est sur ma médaille ; elle m’a fait signe de la main de m’agenouiller, une force irrésistible m’a poussée vers elle, la Vierge a semblé me dire : c’est bien ! Elle ne m’a point parlé, mais j’ai tout compris.»

C’était le 20 janvier 1842. Dans un autre texte, parlant de cette expérience inoubliable, Alphonse Ratisbonne nous dit ceci : « Je la regardai et immédiatement je baissai les yeux, réalisant mon indignité et comprenant intérieurement à quel point le péché originel est quelque chose de grave. J’essayai par la suite de regarder à nouveau le visage de la Vierge mais mes yeux ne pouvaient monter plus haut que ses mains pleines de miséricorde ». (Ces dernières phrases de Ratisbonne, je les cite de mémoire, les ayant lues il y a de cela quelques années). 

Lorsque M. de Buissière sort de la sacristie, il voit Ratisbonne agenouillé et tout en pleurs. Il s’informe et demande ce qui s’est passé. Ratisbonne dit qu’il veut d’abord en parler à un prêtre. M. de Buissière le conduit à l’église du Gesù à Rome où Alphonse rencontre un Père jésuite. Durant quelques jours, Ratisbonne recevra des instructions sur la religion catholique et il admettra que tout ce qu’il a appris sur la religion lui avait déjà été donné comme en germe au moment de l’apparition de la Vierge. Alphonse Ratisbonne fut baptisé à la fin du mois de janvier. Il devint prêtre, entra dans la Compagnie de Jésus et on l’appela dorénavant : le Père Marie. Il alla en Terre Sainte aider son frère Théodore qui avait fondé une Congrégation religieuse dans le but d’aider ses frères et sœurs juifs à se convertir au christianisme. Le Père Marie fut renommé  pour sa joie de vivre et sa gaieté. Il mourut le 6 mai 1884 et voulut être enterré à Aïn-Karim, là où a vécu Élisabeth, la cousine de la Vierge Marie. Le mystère de la Visitation de Marie à Élisabeth est d’ailleurs un des mystères les plus joyeux du rosaire.

O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous !

Bernadette Soubirous a vu dix-huit fois la Vierge Marie, du 11 février au 16 juillet 1958. À quelques reprises, Bernadette avait demandé à la Dame de lui révéler son nom. Il en a fallu du temps avant que Bernadette ait la réponse à sa question. Ce n’est que lors de la seizième apparition que la Vierge Marie révéla finalement son nom; et un nom tellement surprenant! Cette seizième apparition eut lieu le 25 mars 1858. Il est merveilleux de constater que la Vierge Marie a choisi ce jour pour révéler son nom à Bernadette. Le 25 mars, l'Église a toujours fêté L’Annonciation: l'annonce faite à Marie par l'archange Gabriel. Nous croyons qu’il y a deux mille ans, au départ de l'ange, Marie était enceinte de Jésus. Elle le mettra au monde exactement neuf mois plus tard: le 25 décembre. Voilà pourquoi l'Église a décidé un jour de mettre la solennité de L’Annonciation ou de L’Incarnation, le 25 mars.

Quel nom Marie s’est-elle attribuée le 25 mars 1858? La Vierge Marie dit à Bernadette: "Je suis l'Immaculée Conception ". Ceci est très intéressant car le fondement biblique de la croyance au dogme de l''Immaculée Conception est la deuxième parole de l'ange Gabriel à Marie: " kékaritoménê " mot grec que nous traduisons souvent par "pleine de grâce". À l’Annonciation, l’archange Gabriel a donné un nom nouveau à Marie; il ne l’a pas appelé Myriam mais « kékaritoménê » qui signifie « pleine de grâce ». L’Église a toujours cru que Marie était pleine de grâce dès sa conception, immaculée dès sa conception. Il convenait donc parfaitement que Marie attende le 25 mars pour s’attribuer le nom d’Immaculée Conception. Voici le récit de la seizième apparition de la Vierge Marie à sainte Bernadette Soubirous:
 
 
« La Dame va s'annoncer. La veille de l'Annonciation Bernadette entend l'appel de la Vierge. Oh! douce voix! Cette sainte nuit de l'Incarnation sera une sainte nuit pour Bernadette, une nuit entrecoupée d'Ave Maria. Dès la pointe de l'aube, peu après 5 heures, elle voudrait courir à la Grotte, mais une crise d'asthme l'empêche de courir. Oh! bonté de la Vierge! En descendant vers la Grotte, Bernadette voit la niche déjà illuminée! La Dame l'attend. Une prévenance à n'y pas croire. Bernadette ne voit que Marie, mais pas la foule qui se presse aux abords de la Grotte. Mais laissons Bernadette raconter: "Quand je fus devant elle, je lui ai demandé pardon d'arriver ainsi en retard. Toujours bonne pour moi, elle me fit signe de la tête que je n'avais pas besoin de m'excuser. Alors, je lui exprimai, comme je pus, toutes mes affections, tous mes respects et le bonheur que j'avais de la retrouver. Après l'avoir entretenue de tout ce qui me vint au coeur, je pris mon chapelet. Pendant que j'étais en prière, la pensée de lui demander son nom s'imposa à mon esprit avec une persistance qui me faisait oublier toutes les autres pensées; je craignais de me rendre importune en réitérant une demande toujours demeurée sans réponse, et cependant quelque chose m'obligeait à parler. Enfin, d'un mouvement que je ne pus contenir, les paroles sortirent de mes lèvres et je priai la Dame: "Madame, voulez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes?" Comme à mes précédentes questions la Dame inclina la tête, sourit, mais ne répondit pas. Je ne sais pourquoi, ce matin-là, je me sentis plus courageuse et je revins à lui demander la grâce de me faire connaître son nom. Elle renouvela son sourire et sa gracieuse salutation et continua de se taire. Alors une troisième fois, les mains jointes, et tout en me déclarant indigne de la faveur que je réclamais, je recommençai ma prière. La Dame se tenait debout au-dessus du rosier. A ma troisième demande, elle prit un air grave et parut s'humilier. Puis elle joignit les mains, les porta à son coeur et regarda le ciel. Enfin, les séparant lentement, comme dans la médaille miraculeuse, et se penchant vers moi, elle me dit, la voix très douce: « Qué soy era Immaculada Councepciou », ce qui, dans le patois de Bernadette, veut dire : " Je suis l'Immaculée Conception."  Bernadette n'a pas compris ce que voulait dire cette expression " Immaculée Conception ". Mais M. le Curé le saura bien. Aussi va-t-elle tout de suite chez lui en répétant sans cesse la parole de la Dame. C'est ainsi que la Vierge s'est révélée d'abord au prêtre par l'intermédiaire de Bernadette. Et la grande nouvelle que c'est l'Immaculée, vraiment Elle, qui a visité la terre, va se répandre partout, par Lourdes, les villages voisins, par la France et le monde entier. Et c'était partout comme la joie de la Visitation. »   (Tiré du site internet suivant : Les apparitions de la Sainte Vierge à Lourdes dieu-sauve.chez-alice.fr/apparitions/lourdes/lourdes.htm)

Dans sa lettre encyclique sur la Vierge Marie, en l’an 1987 (année mariale), le pape Jean-Paul II parle de la surprise de Marie lorsque l’ange Gabriel s’est adressé à elle en l’appelant non pas Myriam mais « kékaritoménê ». Voici les mots du pape :

Le messager divin dit à la Vierge: «Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi» (Lc 1, 28). Marie «fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation» (Lc 1, 29), ce que pouvaient signifier ces paroles extraordinaires et, en particulier, l'expression «pleine de grâce» (kécharitôménê).    En effet, le messager salue Marie comme «pleine de grâce»: il l'appelle ainsi comme si c'était là son vrai nom. Il ne donne pas à celle à qui il s'adresse son nom propre suivant l'état civil terrestre: Miryam ( = Marie), mais ce nom nouveau: «pleine de grâce». Que signifie ce nom ? Pourquoi l'archange appelle-t-il ainsi la Vierge de Nazareth?  (Redemptoris Mater, Jean-Paul II, 1987, no 8)




mardi 22 novembre 2011

Disciple

Disciple

Saint Paul, dans sa Lettre aux Galates, nous dit que son plus grand titre de gloire est la croix de notre Seigneur Jésus Christ; du moins, la seule chose dont il veuille se glorifier, c’est de la croix de notre Seigneur Jésus Christ : « Pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ. » (Gal 6, 14). Quant à moi, mon plus grand titre de gloire, c’est d’être le disciple de notre Seigneur Jésus Christ. Être disciple de Jésus est ce qu’il y a de plus grand à mes yeux.

Hier, le 21 novembre, en la fête (mémoire) de la Présentation de la Vierge Marie, nous avions dans l’office des lectures du bréviaire, un texte tout simplement extraordinaire de saint Augustin; un texte d’une grande force et d’une grande clarté. Saint Augustin nous faisait comprendre que le plus grand titre de gloire de la très Sainte Vierge Marie, en un sens, n’était pas d’être la Mère de Dieu, la Mère de Notre Seigneur Jésus Christ, mais bien plutôt le fait que Marie ait été le disciple de Jésus. N’est-ce pas extraordinaire de se faire dire cela de la part d’un théologien et d’un Père de l’Église tel que saint Augustin? Pour Jésus, le sommet de la vie chrétienne, c’est de faire la Volonté de Dieu, c’est d’être le disciple de Jésus. Faire la volonté de Dieu, c’est cela la sainteté. Marie est sainte d’abord et avant tout parce qu’elle a fait la Volonté de Dieu. Elle a été Mère de Jésus, Mère de Dieu parce qu’elle a fait la Volonté de Dieu. Il est donc vrai de dire avec saint Augustin qu’il a été plus important et plus avantageux pour Marie d’avoir été le disciple de Jésus que d’être sa Mère. Et nous pouvons nous aussi être Mère de Jésus en faisant la Volonté de notre Maître. Voici ce qu'a écrit saint Augustin:

" Faites attention, je vous en supplie, à ce que dit le Christ Seigneur, étendant la main vers ses disciples : Voici ma mère et mes frères. Et ensuite : Celui qui fait la volonté de mon Père, qui m'a envoyé, c'est lui mon frère, ma sœur, ma mère. Est-ce que la Vierge Marie n'a pas fait la volonté du Père, elle qui a cru par la foi, qui a conçu par la foi, qui a été élue pour que le salut naquît d'elle en notre faveur, qui a été créée dans le Christ avant que le Christ fût créé en elle ? Sainte Marie a fait, oui, elle a fait la volonté du Père, et par conséquent, il est plus important pour Marie d'avoir été disciple du Christ que d'avoir été mère du Christ ; il a été plus avantageux pour elle d'avoir été disciple du Christ que d'avoir été sa mère.    Voyez si ce que je dis n'est pas vrai. Comme le Seigneur passait, suivi par les foules et accomplissant des miracles divins, une femme se mit à dire : Heureux, bienheureux, le sein qui t'a porté ! Et qu'est-ce que le Seigneur a répliqué, pour éviter qu'on ne place le bonheur dans la chair? Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et la gardent! Donc, Marie est bienheureuse aussi parce qu'elle a entendu la parole de Dieu, et l'a gardée : son âme a gardé la vérité plus que son sein n'a gardé la chair.      Faites attention à ce qu'il dit : Voici ma mère et mes frères. Comment serez-vous la mère du Christ ? Celui qui entend, celui qui fait la volonté de mon Père, qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère.  (Homélie de saint Augustin sur l’évangile de Matthieu)

Comme cela est fort et éblouissant! Réjouissons-nous donc d’être le disciple de Jésus. Que le fait d’être le disciple d’un tel Maître soit notre plus grande fierté et notre plus grande gloire ! Il y a un moment de la journée où le mot disciple de Jésus prend pour moi tout son sens; où le mot disciple me bouleverse et m’émeut. C’est au moment de la consécration à la messe, alors que le prêtre dit :

Au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa passion, Jésus prit le pain, il rendit grâce, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. » De même, à la fin du repas, il prit la coupe; de nouveau il rendit grâce, et la donna à ses disciples, en disant : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang … »